Issa Nissa Rebela
100% Festif - 100%
Indépendant - 100% Nissart - 100% Repas de rue - 0% de subventions -
100% Acteurs - 0% Spectateurs - O% Côte d’Azur... (Extrait du communiqué
officiel et non exhaustif). C’est ainsi que se présente Zou Mai à la presse à laquelle nous ne
saurions vous assimiler ; Zou Mai un collectif né de la rencontre, lors
de la préparation du Carneval Independent 1994, d’individus décidés à ne
pas laisser la “ville” de Nice retomber dans son atonie jusqu’au
prochain corso libre. L’ aïoli avait pris, il fallait continuer de la monter...
Des actions furent proposées telles les repas de rues, ce qui fut fait
! De ces repas, des rencontres qui s’y firent, des idées, d’autres
projets sont nés, concrétisés depuis : réactualisation d’anciennes fêtes
populaires oubliées ou confisquées par la mairie et devenues spectacles
payants, parqués, contrôlés ; créations de nouvelles fêtes comme la
Santa Capelina, fête du chapeau qui se déroule à “Rauba Capeu” où chacun
amène son poisson pour faire une gigantesque soupe de peîs offerte
ensuite aux passants, etc.. En filigrane de ces actions, un principe : la ville est à ceux qui y
vivent, aux citoyens, alors pratiquons la ! Ces évènements ont lieu dans la rue, sur les places, indépendamment des
pouvoirs publics, sans autorisation, sans subventions. Par exemple, une
partie des frais occasionnés pour la préparation du Carnaval indépendant
est couvert par le produit de la vente du calendrier Zou Mai ; viva l’autonomie.
Un des désirs du collectif était de créer une dynamique à Nice,
d’inviter tout un chacun à organiser dans son quartier des repas de rue,
à s’affranchir des carcans culturels imposés ; cela se fait. D’autres
groupes agissent, des projets sont lancés qui participent de l’esprit
festif et critique de Zou Mai, des expressions niçoises fleurissent sur
les tracts, l’aïoli monte peu à peu, la Nissa rebela résista, encerclée
par la marée brune, la mauvaise mayonnaise qui elle aussi monte, monte,
mais il n’y a pas qu’ici... Alors dans cette ville souvent montrée du
doigt, stigmatisée par la presse qui ignore ce qui s’y passe d’autre,
des individus, des groupes ne renoncent pas et humorisent : sur les
galets, nous n’avons pas de pavés ! |
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Né, il y a dix ans, Zou
Mai est un collectif de personnes réunies autour d’une certaine idée de
“vivre la ville”. Toutes nos manifestations sont de rue, non subventionnées, liées à un
quartier et à un temps de l’année. Elles sont autant d’occasions de se
réapproprier la cité, de redonner vie à des lieux, de casser
l’isolement, de se rencontrer, d’échanger, de créer, de réinventer notre
folklore et de pantaier* ensemble ! Vivre à Nice,non pas dans la carte postale, ni dans la capitale de la
Côte d’Azur mais vivre dans une ville humaine loin de la phagocytose
touristique qui transforme tous les lieux de vie en un décor et toutes
cultures en une expression figée d’un “folklore” de pacotille. Vivre sa ville, sa culture, émancipées d’un pouvoir national centralisé
et d’un pouvoir local voué au tourisme, au paraître et à la facilité.
Se bouger et se bouger encore, du festin dei Palhassos à la Reconquista
dau Palhon en passant par les repas de rue et les carnevals independents
pour se donner le luxe malgré le cumul des problèmes de pantaier notre
ville ! Se bouléguer toute l’année, pour tout simplement être heureux
d’être Niçois.
Tilo "Gòbi" Lagalla per Zou Mai
*Pantaiar en niçois c’est presque rêver, presque
phantasmer. En résumé, c’est pantaier.
Pour un
Mani-Feste
L’utopie est une
nécessité ; pas de volonté d’agir, de faire, sans vision utopique, sans
désir, pas d’action sans imaginaire, pas de liberté sans union. Pour ceux que satisferait la seule notion de spontanéité, nous
pourrions répondre que la spontanéité n’exclut pas la réflexion et
vice-versa. Quant au désir de “faire la fête”, que recouvre-t-il, que
recouvre le terme de fête* pour ceux qui l’emploient ? Existe-t-il une
différence entre un repas de rue, un festin et une rave... ? Laquelle,
lesquelles ? Nous abordons là au domaine de la conscience sinon
politique du moins aux motivations qui déterminent le choix de l’action,
la forme de l’action, le lieu de l’action. Aucun n’est innocent, on ne
peut vider l’action de son contenu, de son sens symbolique. Au-delà de la question stérile : l’action préexiste-t-elle à la
réflexion, la réflexion à l’action ? Il est une dynamique créatrice de
sens, génératrice d’action qui s’impose. Il est une évidence : le choix
du cadre de notre action : la rue, la place ; espaces devenus quasiment
vacants où toute vie n’est plus que de passage et fonctionnelle. C’est
ainsi que nos manifestations répondent à la nécessité d’une pratique
autre de la ville, une occupation autre de l’espace qui sont
contingentés par la seule idéologie désormais existante, celle du
marché, celle de la séparation et de la division. Idéologie d’autant
plus insidieuse qu’elle ne dit pas son nom, ne s’énonce pas mais
s’impose comme la seule pratique raisonnable, le seul modèle possible.
Se réapproprier l’espace urbain dont on nous dépossède n’a rien
d’utopique au sens péjoratif que ce terme a acquis en ces temps
d’homogénéisation forcée ; rendre à cet espace sa fonction de lieu de
rencontres, d’échanges non mercantiles, de pratique ludique, de vie en
somme, n’est-ce pas ce à quoi nous tendons ? N’est-ce pas la seule
pratique qu’il nous faille mettre en œuvre ?
Alora Viva ! Passons outre nos peurs, nos préjugés !
Jacquou per Zou Mai *La fête a toujours été l’élément médiateur, la
consécration de l’espace comme propriété commune. Elle est le temps des
retrouvailles, irruption du sacré, rupture de la quotidienneté et du
temps a-historique par ses retours cycliques. Pendant la fête les hommes
se réapproprient l’espace et le temps (non plus soumis aux rythmes du
travail), les partagent comme ils partagent les victuailles (le festin),
comme ils usent et abusent, dépensent et se dépensent sans compter en
opposition à ce qui fonde la pratique bourgeoise et capitaliste : le
thésauriser et la valeur d’échange. Ce qu’on échange pendant la fête ce
ne sont plus des marchandises mais des paroles, des désirs, soi-même ;
la fête est don, offrande ; transgression autorisée de l’ordre établi
elle a toujours dérangé, c’est pourquoi elle fut régulièrement
compartimentée, réglementée, parcellarisée. Devenue spectacle,
confisquée comme l’espace elle est à présent objet de consommation,
production quantifiée.
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